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Document de Claudine Tiberghien, orthophoniste.

Comment travailler avec un élève dyslexique ?

La dyslexie est un trouble spécifique et durable de l’acquisition et de l’automatisation du langage écrit chez un enfant d’intelligence normale dont les difficultés ne peuvent être attribuées :

  • à un déficit sensoriel ;

  • à un trouble psychique ;

  • à une carence environnementale et/ou scolaire ;

  • à une lésion cérébrale.

La dyslexie n’est pas un retard.

C’est le processus d’acquisition de l’écrit qui est désorganisé avec de véritables déviances.

La dyslexie est en majorité liée à un déficit de type phonologique (identification des sons) :

  • faible conscience phonologique, spécifique de par une capacité inférieure à celle d’enfants plus jeunes mais ayant le même niveau de lecture ;

  • faible mémoire immédiate verbale : difficulté pour répéter, recopier et traiter une information ;

  • lenteur d’accès au lexique (différent d'une pauvreté de vocabulaire) - lors d'une présentation successive d'images, la dénomination ne sera pas rapide ;

Trouble de différenciation visuelle pour 5 à 20 % des dyslexiques.

Les marqueurs spécifiques au niveau de la lecture :

  • Une difficulté spécifique en reconnaissance de mots (lecture globale).

  • Une lenteur de lecture.

  • Une compréhension réduite du texte liée à la non automatisation du décodage.

  • Un décalage persistant de 2 ans minimum par rapport au niveau de lecture attendu.

  • Des compensations souvent inefficaces d'autant plus si la prise en charge rééducative est irrégulière ou pas assez précoce.

Les troubles associés :

La dyslexie est souvent liée à :

  • des perturbations du langage oral parfois peu visibles (par exemple, inventer ou déformer des mots ) ;

  • des difficultés de repérage spatial et/ou temporel ;

  • trouble du graphisme (la difficulté semble liée au lien peu stable entre lettre et son qui gêne la programmation du geste graphique).

Les problèmes affectifs et comportementaux sont la conséquence des difficultés d'apprentissage et non la cause (spirale de l’échec).

Les signes d’appel d’une éventuelle dyslexie à partir de primaire :

  • Lenteur et fatigabilité lors de la lecture.

  • Mauvaise orthographe (erreurs non stables) et ratures.

  • Difficulté de mémorisation de l’orthographe des mots.

  • Désorganisation.

  • Plus de facilité à l’oral qu’à l’écrit.

  • Intérêt pour les matières scientifiques et d’éveil.

Aménagements favorables pour un dyslexique :

  • Améliorer la présentation écrite des consignes ou des textes à lire :

  • graphisme aéré (ex. police Lucida Sans Unicode)

  • taille police agrandie

  • Réduire ou simplifier si nécessaire les textes ou consignes à lire (reformulation).

  • Eviter de faire lire à voix haute.

  • La compréhension des textes lus sera testée sous forme de QCM ou de questions simples.

  • Jouer le rôle de secrétaire.

  • Utiliser le traitement de texte informatique pour faciliter et améliorer le passage à l'écrit.

  • Privilégier une relation valorisante qui s’appuiera sur l’aide efficace (en tenant compte des déficiences mais aussi des potentiels). Ne pas insister sur les erreurs, ce qui blesse, mais donner une solution.

Adaptations pour un adolescent dyslexique :

  • Entraîner à la prise rapide d’informations et aux relectures ciblées (on fait attention à une seule variable).

  • En expression écrite, préférer le fond, plutôt que la forme (ne pas pénaliser l'orthographe), et rechercher la synthétisation des idées ( les dyslexiques ont une imagination riche qu'ils n'arrivent pas à organiser).

  • Donner le plan, la structure.

  • Aider à gérer le temps.

  • Lui permettre de mieux communiquer ses connaissances.

Pour améliorer les performances en lecture et à l'écrit :

  • affiner l’identification des sons (conscience phonologique)

exemple : chapeau se décompose en quatre sons : ch/a/p/o

  • consolider la correspondance phonographique en décontextualisant (un exemple)

(pour empêcher la compensation par suppléance mentale et contraindre au déchiffrage) avec lecture de suites de syllabes, de mots isolés.

 

  • développer la mémorisation de l'orthographe des mots par la gestion mentale , la copie indirecte (montrer un mot puis le cacher et demander à l'enfant de le réécrire).


 

Claudine Tiberghien, orthophoniste.

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